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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 15:55

 

Ca y est c est fait : un petit reve est devenu une grande realite : je suis retourne marcher au dessus des nuages, la ou il y a moins d air ... avec pour voisin Sir Everest !

L objectif du sejour Nepalais etait de voir les plus hautes montagnes du monde mais aussi de marcher dessus ! Le Cho Oyu ( "Deesse de Turquoise" ) est repute comme le plus " facile " des 8 000 m. Dans les jours suivant mon arrivee j ai rapidement trouve une agence pour l expedition (ARUN trek que je recommande aux amateurs...). La semaine de trek fin aout m a permis une petite acclimatation en vue de cet objectif plus serieux.

Chance exraordinaire, nous ne seront que 2 dans le groupe et mon collegue est un francais tres sympathique du meme age avec qui je partage beaucoup d autres points communs... Bref on s est tres bien entendu pendant tout ce mois. L autre chance est dans la constitution de l equipe technique : nos 3 encadrants nepalais sont d une extreme gentillesse et d un super niveau technique (le leader, le second et meme le cook ont deja gravi l Everest !).

Nous avons quitte Kathmandu le 5 septembre a 7 heures pour traverser le pont de l "amitie" et la frontiere tibetaine a midi. Le premier repas chinois comportera du poulet mal cuit qui va "legerement perturber"  mes premiers jours...

Le changement de pays est brutal : le Nepal s acheve avec une piste defoncee au milieu d une vallee encaissee , verdoyante (rizieres en terrasses - bananiers) et parsemmee de villages et de maisons en bois et briques.

Le "Tibet" commence par des villes recentes sans "ames", sordides et etouffantes. L armee est souveraine : le petit officier en vert nous domine de 2 marches et de son tapis rouge. Une rue  unique, etroite encombree de camions epaves, serpente en lacets serres sur le rempart abrupte de la vallee. La ville est sombre (peu de lumiere directe) et avec beaucoup d humidite qui ruisselle sur les pentes au milieu des detritus. Les batiments de beton aux facades carrelees grossierement ne donnent pas plu la joie de vivre ...

Apres la frontiere, la vallee se transforme en un defile aride et fini par deboucher sur le plateau tibetain a plus de 5000 m. La on observe derriere la chaine Himalayenne eneigee et devant les collines tibetaines pelees balayees par le vent qui fait tourner les moulins a priere.

1) La Lungla pass quelques kilometres apres la frontiere chinoise.

Les villages tibetains sont tres differents : tres dissemines avec quelques habitations entourrees de parcelles d orge fauchee et mise en gerbes a l aller (debt sept) et battue au tracteur ou avec les yacks au retour (deb oct). Les maisons rectangulaires en terre, sont toutes du meme modele avec un enclos, des facades blanches avec des bandes rouges et bleues. Le toit-terrasse est garni de bois et de branchages pour le feu.  

Apres la frontiere, nous sommes soumis a l autorite de notre officier de liaison chinois (visa collectif obligatoire et controle de tout le groupe par un officier chinois jusqu au camp de base). Notre groupe se compose d une championne d escalade correenne, d un souriant septageneaire japonais accompagne de sa fille (leur guide totalise plus de 10 ascenssions de l Evrest !), et de 7"bucherons" russes. On avancera progressivement par etape de quelques heures de 4 * 4.

L acclimatation se fait progressivement : premiere marche le 7 sept, seconde le 9 sept a Tingri (premiere ville "tibetaine sinistrisee" et derniere etape avant le "vide").

Tingri : ses chiens noctambules et sa rue aux drapeaux rouges

Le 10 sept on arrive au camp de base chinois a 5000 m, a la limite entre le plateau et la montagne. Ici encore on trouve une petite garnison militaire ! Les jeeps et les camions retournent chercher d autres touristes a la frontiere et les choses serieuses commencent. Apres une troisieme marche ( 5500 m) et un premier jour de repos on quitte le camp de base le 13 sept. C est un grand moment : tout est pese par les yackmens pour repartir les charges. Au printemps c est 40 kg / animal, ca passe a 60 kg a l automne car ils sont en meilleur etat.

Cho Oyu vu du camp de base chinois  

Le yack est un animal fabuleux : Mort aux vaches et vive le yack !!! Il est presque beau ce grand veau, avec ses longs poils et ses cornes imposantes. Il reste immobile pendant les chargements et dechargements sans broncher sous le poids qui l ecrase, ensuite il est capable de passer dans les endroits les plus accidentes et de reagir a la voix de ses maitres. Bon il parait que certains sont moins dociles et qu il vaut mieux s ecarter prudement lorsqu ils arrivent ...

Au camp intermediaire, on rencontre des trafficants de vetements qui transitent par les hauts cols vers le Nepal. Ca avait l air innocent, mais de retour en ville, j ai appris qu une gamine " clandestine " avait succombe a une balle chinoise pendant qu on y etait...

On arrive enfin au camp de base avance ( ABC- 5600 m) le 14 au soir avec un bon mal de tete... On attendra plusieurs heures nos 10 yacks a cause d un plus "capricieux" que les autres. 

Le camp de base avance ABC est un village international qui grouille de yacks, de tentes multicolores et de stupas qui etirent leurs drapeaux de priere en tous sens. Une ecole de guide chinoise a la plus grosse delegation (60 personnes). Chacun commence par faire son nid en s amenageant une petite surface dans les pentes pierreuses.

Camp de base avance - ABC.

Notre camp comme les autres aura une tente mess, une tente douche et une tente WC. Nous avons notre tente individuelle et nous sommes confortablement installes pour les 3 semaines qui viennent. Notre coock est sympa et devoue : les petits dejeuners servis a 9 h sont tres
reconstituants (3 oeufs + toasts huiles + saussisses + corn flakes + …).

Le lendemain de l arrivee est consacre a l edification meticuleuse de notre stupa qui sera benit des le jour suivant (vend 15). La ceremonie regroupe un lama occasionnellement porteur, les japonais, la coreenne et les russes. Les sherpas resteront tres concentres jusqu a la benediction finale (personnes et equipements). La tikka (marque sur le front) a la farine d orge fini en soupoudrage general (avec un petit verre de wisky ou une biere …). A la fin il y aura suffisament de riz autour du stupa pour qu un “rat” decide de s y installer !

L equipe - le stupa et l objectif (bande jaune vers le sommet)


A partir d ABC, notre quotidien sera fait de marches d acclimation vers les camps superieurs et de journees de recuperation. Des le 15, nous montons au pied de la “killer slope”. Pendant 3 heures nous marchons sur les moraines en bordure de penitents de plus de 10 m. La principale difficultee est d eviter les glissades sur la glace. A la pause, on arrive en bas de cette fameuse pente. Tout le monde s y arrête pour reprendre des forces avant l effort et pour profiter du spectacle… La pente est raide et instable, il y a ceux qui montent lentement et ceux qui devalent en poussant des cailloux qui vont rouler. Lorsque la menace est serieuse un grand “Rocks” retentit… Apres cette jolie montee qui dure 1 heure, nous avons droit a 1 heure suplementaire de pente neigeuse pour atteindre la Camp I a 6400 m.

La "killer slope" - 1ere pente serieuse entre ABC et C I.


Nous montons une premiere fois a C I le 16 sep pour redescendre aussitot, nous y remontons le 19 pour dormir et commencer notre regime de repas hyophylises. Le 20 on pousse un peu plus haut vers C II. Il n y a plus que de la neige mais elle est tres vallonnee… Les buttes (avec cordes fixes) se suivent. Le jumar est une superbe invention qui empeche le retour en arriere sur la corde et qui permet de se tirer en avant. Cette aide ne suffira pas et je tombe d hypoglycemie seulement quelques centaines de metres apres le C I (tres bonne lecon pour la suite !). Le 21 on remet ca mais cette fois j ai l estomac plein pour affronter les rejouissances techniques. Apres 3 h on arrive au pied de l ice fall (mur de glace de 20 m). Ca monte raide mais le jumar, le piolet et les cordes fixes permettent de s en tirer. 2 heures plus tard un nouveau mur se dresse et s est creve qu on arrive en fin d après midi au C II (7 100m).

Camp I vu depuis une des bosses avant l Ice fall.


Le camp I est niche sur un petit repli derriere une crete, a l abri du vent et des avalanches et les tentes se serrent sur le peu d espace disponible. Au camp II, il y a de l espace mais peu de protection contre
le vent et le risque d avalanche n est pas negligeable… Le sommet semble tres proche. La nuit a 7 100 m sera aussi mauvaise que les autres; elle marque au passage mon point culminant en attendant mieux…

L Ice Fall : on monte en contournant a gauche et on descend en rappel.

On redescend le lendemain de bonne heure pour ABC. Gravir les murs de glace, c etait long et physique; la descente est pire ! Descendre 30 m en rappel avec crampons, sac a dos et gros vetements, c est autre chose que du cannyoning en short dans les bassins reunionnais… Le soir a ABC, on a droit a une super tarte aux pommes pour marquer le coup. Avec la resdescente, c est la premiere d une serie de bonnes nuits.

Le 23 on se reveille avec la neige, ca va continuer pendant 3 jours. Le 26 le soleil revient sur 40 cm de neige a ABC, on craind le pire pour les camps d altitude. Faute de temps certains doivent renoncer (eclats de voix dans certains camps). Les permieres equipes remontent le 27 pour ouvrir et equiper les voies.

Comme beaucoup, nous partons le 28 pour C I, il y a deja moins de neige. Le 29, les passages techniques vers C II sont noirs de monde. Le 30, il nous faudra plus de 3 h pour atteindre le camp III pourtant si proche (a peine plus d 1 km de C II). Au C III, on fait tente commune avec les sherpas qui
veulent nous surveiller. On a droit a 30 min d oxygene preventif avant le repas. On mange a 18 h 30 et a 19 h tout est calme dans la tente. Il ne fait pas froid mais le stress et le manque de place font que je dormirai tres peu jusqu au signal de minuit.

Sommet et "bande jaune" vu depuis le camp III.


Le temps de manger et de s equiper, on sort le 1 octobre a 1 h 30. Le "sentier lumineux" nous indique le chemin a suivre pour les 3 prochaines heures … Nous partons après la masse ce qui nous permet de bien avancer au debut. Il n y a pas de vent, il ne fait pas froid et l oxygene a un effet tres sensible !

1 heure apres le depart on arrive sur la difficulte du jour : le passage de la bande jaune. C est une ligne rocheuse de 3 m de haut qui ceinture le sommet. C est assez sportif a franchir ! Les autres passages sont equipes de cordes et on avance vite jusqu a ce que l on rejoingne la file. Impossible de doubler ceux qui peinent ! On perdra plus d une heure a suivre lentement. Apres les cordes, il y a quelques pentes “libres” puis le grand plateau sommital. Apres 50 min de faux plat, ou on double toutes sorte d “epaves”, on voit enfin apparaitre l Everest droit devant a 8 h 15...

Everst au centre - Lhotse a droite et Nupse devant les 2. 


Soulagement, plaisir, autosatisfaction, aboutissement d un mois d effort et de plusieurs annees de "reve" devant les catalogues … Beaucoup d emotions se bousculent a ce moment ! On se felicite avant de reprendre des forces et l indispensable séance photo. Par chance, le temps est avec nous et on a un super panorama : a 8 200 m, on domine presque tout !

Au sommet : Dark Vador et le grand Schtroumph...

Apres seulement 30 min, il est temps de repartir... La descente sera fatigante mais sans problemes. A midi nous sommes a C III et nous devons descendre dormir a C II. Si nous sommes fatigues,c est pire pour les sherpas qui doivent demonter et descendre le camp III.

Le 2 oct on descend au camp avance. Les sherpas descendent surcharges avec l equipement des camp II et III. On part tot le matin pour eviter les files d attente qu il y aura a partir de 10 h aux descentes en rappel. A midi a C I, les sherpas ont l aide de porteurs pour descendre tout l equipement. On arrive
creve mais heureux a ABC ou le cuistot nous a prepare un vrai bon repas pour feter ca (et negocier les pourboires !!!)

Camp de base chinois - 1 mois sans rasage et 1 seul shampoing...


Le lendemain, on redescend jusqu au camp de base chinois (route) ce qui fait 7 heures de plus! La petit probleme avec l offcier de liaison : la jeep a ete decommandee ! Le lendemain, il sera beaucoup pluys performant pour nous vendre 10 dollards le "certificat de sommet". Le 4 au soir, on dors a la frontiere et le 5 en fin d apres midi, nous retrouvons la pollution de Kathmandu... 

Les russes n auront besoin de personne pour reussir seuls le sommet le 30 sept et arroser ca pendant qu un de leur copain passera la nuit seul dehors entre C I et ABC ! Le japonnais de 75 ans, malgre ses 10 bouteilles d oxygene et son super guide ne pourra pas aller jusqu au camp II...

Post Scriptum :

Le Monde
International, mercredi, 18 octobre 2006, p. 6

CHINE LA RÉPRESSION AU
TIBET
Une vidéo confirme les tirs mortels de soldats chinois contre des Tibétains

Les silhouettes progressent lentement, en file indienne, sur la neige. Du haut d'une crête, un homme visiblement armé fait feu sur la colonne. En tête, une personne s'écroule. Plus tard, c'est au tour d'une silhouette marchant à l'arrière de la file de tomber. Voici ce que l'on peut voir sur la vidéo tournée par un himalayiste roumain, Sergiu Mattei, quand, le 30 septembre, il a été l'un des témoins d'une fusillade déclenchée par des garde-frontières chinois contre des réfugiés tibétains s'efforçant de gagner clandestinement le Népal.

 

 

Plusieurs étrangers étaient en train de gravir les pentes du mont Cho Oyu, l'un des plus hauts sommets du monde situé près de l'Everest, lorsqu'ils ont vu une colonne de Tibétains s'avancer vers eux, depuis le côté chinois de la frontière. C'est à ce moment-là que, incrédules, les himalayistes ont pu voir que les soldats chinois faisaient feu contre la colonne de fuyards, " les tirant comme des lapins ", selon le commentaire du vidéaste himalayiste roumain. Sur la vidéo, on voit ensuite des soldats détendus s'approcher du corps d'une des personnes abattues.

 

 

En fin de semaine dernière, la Chine avait réagi à ces informations par le biais de l'agence de presse Chine nouvelle qui a confirmé que des garde-frontières avaient bien tiré sur des candidats à l'exil. Mais l'agence avait ajouté que les soldats avaient été " obligés " de faire feu après avoir été " attaqués " par les Tibétains, ces derniers ayant refusé d'obtempérer aux injonctions des soldats leur ordonnant de ne pas franchir la frontière.

 

 

Si l'on en juge par cette vidéo et les témoignages d'autres membres de l'expédition du Cho Oyu, il semble bien que l'affirmation de Pékin soit une pure invention destinée à masquer son embarras. Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a promis qu'une enquête serait ouverte, tandis que des associations de réfugiés à Katmandou affirment que deux réfugiés ont été tués.

 

 

Les autorités chinoises ont confirmé l'une de ces morts, affirmant cependant qu'une des personnes blessées et soignées dans un hôpital de la région était décédée en raison d'une " déficience respiratoire " due à l'altitude. Un moine cité par l'association Campagne internationale pour le Tibet a raconté après son arrivée au Népal que le groupe de Tibétains comprenait environ 70 personnes, dont une quinzaine d'enfants âgés de 8 à 10 ans.

 

 

A Pékin, l'ambassadeur des Etats-Unis, Clark Randt, s'est rendu au ministère des affaires étrangères pour " protester contre le traitement réservé par la Chine aux réfugiés " tibétains.

 

 

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commentaires

A
Et bien dis donc tu as une belle tête de gagnant sur la photos ci-dessus !<br /> Tu t'es battu avec un Yack c'est ça non ?<br /> Sinon, tu es Dark Vador Yellow ou Grand schtroumf  sur la photos du sommet ? Je suis incapable avec la qualité et la taille de la photos de te reconnaitre.<br /> J'ai un petit faible pour le Grand Schtroucmf car je sais que tu aimes particulièrement les vétements bleus et  fashy mais généralement tu tentes de les cacher (... on se comprend et je n'en dirais pas plus pour ne pas perturber tes lecteurs et surtout lectrice ...).<br /> Enfin franchement pour être à ta place je crois que je me serais même déguisé en petit cochon rose et pour faire la paire en schtroumfette si nécessaire , c'est dire ma jalousie et ma frustration de ne pas pouvoir t'accompagner dans cette superbe aventure.<br /> Alain (50 metres d'altitude)
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E
Salut !!!!Super evasion ... Dommage que la chute nous laisse sur notre fin et nous lese du moment surement le plus captivant .... Promis tu nous racontes au retour ? Et j'espere qu'il y aura quelques photos ....Bon je te laisse a l'heure qu'il tu dois etre bien fatigue puisque nous sommes en debut de soiree et que tu dois avoir marche quelques heures ....A tres bientot de te lireBisousEdith
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